Si la Mort me poursuit de son zèle imbécile*,
Je voudrais simplement partir le coeur tranquille ;
Avoir chéri le rêve, invoqué Cupidon,
Tout en sachant très bien que c’était du bidon ;
Danser en fredonnant mon tout dernier poème
À ce monde insensé que je quitte et que j’aime ;
Avoir croqué le temps et porté ses couleurs,
Préparer mon envol sans démons et sans peurs ;
Pouvoir mener à bien ma dernière expérience
Sans la dénaturer par une âpre croyance ;
Quand l’heure sonnera, plier mon tablier,
M’en aller sans rancune et sans me retourner ;
Dans un dernier sursaut d’audace revancharde,
M’efforcer de botter le cul de la Camarde ;
Puis, comme le poète, éparpiller des fleurs
Dans les trous de son nez*, pour calmer ses douleurs.
Chromo de la fin du XIXe siècle
* George Brassens, Supplique pour être enterré à la plage de Sète.
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